Murray Urquart, Portrait d'Emmanuel Viérin, 1907, fusain,pastel et crayon sur papier, 82 x 100 cm, collection privée.
Emmanuel Viérin, second fils de Constant Viérin (1831-1895) et de Mathilde Laridon, est né le 30 juin 1869 à Courtrai.(1) Son grand-père Jean Grat (1798-1886) était originaire du val d'Aoste dans le Piémont. Les parents Viérin possédaient une entreprise florissante de drap destiné à la confection de capes flamandes. Leur magasin et leur demeure étaient situés dans une des habitations construites autour des anciennes halles de Courtrai.
Emmanuel Viérin dans son atelier - La maison natale d'Emmanuel Viérin sur la Grand-Place de Courtrai, située au coin du pâté de maisons autour des anciennes halles (à gauche reconnaissable à son toit clair)
Le père Viérin était un fervent amateur d'art, et il aura certainement inspiré son fils durant leurs visites au Béguinage, au Musée des Beaux-Arts (Begijnhofstraat) et aux expositions que la Société pour l'Encouragement des Beaux-Arts organisait à l'étage des Grandes Halles.(2)
Le talent de dessinateur d'Emmanuel se révéla très tôt. Le dessin et la peinture devinrent sa passion. Il n'est pas étonnant dès lors qu'il ait quitté l'école à l'âge de quinze ans, après la troisième latine, pour développer ses dons à l'Académie de Dessin et de Peinture de Courtrai.(3) II y fut l'élève de Kamiel Algoed (+1909) en ornementation, masque et sculpture antique et, le dimanche, de Hendrik Depondt (1842-1807) qui l'initiait au portrait peint. Il était de loin le jeune artiste le plus doué de l'Académie. A cette époque, il peignait déjà en plein air, alors que le pleinairisme n'était nullement en vogue, faisant preuve ainsi de son esprit progressiste. Il poursuivit son apprentissage à l'Académie royale d'Anvers.(4) Son maître anversois, le célèbre paysagiste Joseph Coosemans (1828-1904), l'encouragea fortement et joua un rôle important dans sa formation. Embrassant les tendances artistiques nouvelles de son temps, Emmanuel Viérin rechercha le plein air, plus particulièrement dans la région de Genk, àTervueren et en Campine, dans l'intention d'y affiner ses paysages. Le séjour à l'étranger ne fit pas défaut à son apprentissage. En 1894, passant par l'Espagne (Cordoue, Tolède, Malaga et Grenade), il fit un voyage d'études de plus de six mois en Algérie (Constantine et Biskra), où il rencontra entre autres André Gide.
Emmanuel Viérin et Marguerite Bataille
En 1896, Emmanuel Viérin épousa à Dunkerque Marguerite Bataille.(5) Le couple s'installa à Courtrai, d'abord dans la Groeningelaan, ensuite au n° 85 du boulevard du Midi. Du fait de la modification des noms de rues, son adresse devint ultérieurement Vanden Peereboomlaan, n° 24, mais il s'agissait bien de la même maison,(6)' une grande demeure jumelée où vécurent les deux frères, Emmanuel et Joseph, et dont les plans avaient été dessinés par ce dernier.(7) L'une des deux moitiés de la demeure s'appelait «Stella Maris». Stijn Streuvels, le célèbre romancier flamand, écrivit à ce sujet: «Joseph et Emmanuel Viérin ont été les premiers à construire, dans la Vanden Peereboomlaan, avenue nouvellement aménagée, leur propre maison en style moderne: ce qui a fait sensation à l'époque mais a donné l'impulsion au développement de tendances et d'un goût nouveaux en matière d'architecture.»
"En route pour le travail": Emmanuel Viérin, Paul Verdussen et Frans Steennackers à Genk, 1893 - Les noces d'argent du couple Viérin, avec les sept enfants, 1921
Joseph Viérin (1872-1949), le frère cadet d'Emmanuel, acheva en 1896 ses études d'architecture à l'Institut supérieur Saint-Luc à Gand. Il devint le premier nom d'une célèbre famille d'architectes. Sa renommée est due, outre à la qualité de ses réalisations, au fait qu'il dirigea la reconstruction de Nieuport et de Dixmude après la Première Guerre mondiale.(8)
Emmanuel et Joseph étaient très unis. Ils dessinèrent ensemble des modèles pour l'atelier de céramique de Laigneil (voir ci-dessous); de même, le plan et l'aménagement de bien des maisons furent le fruit de leur collaboration.
Villa "Stella Maris", Vanden Peereboomlaan n°24 à Courtrai
Au tournant du siècle, les bourgeois fortunés se prirent d'amour pour le littoral belge. Ils se mirent à construire des villas et des maisons de campagne dans les dunes et à y passer leurs vacances. Emmanuel Viérin possédait lui aussi une résidence à la côte belge, la villa «De Zonnebloemen» (Les Tournesols). En 1901, il fait également allusion à une «Villa Cécile» à La Panne. Il ressort de sa correspondance avec Joseph Stübben, un architecte-urbaniste allemand renommé qui dessina des plans pour l'aménagement du Coq, de Duinbergen et de Knokke-le Zoute, que les deux hommes ont construit ensemble trois villas sur la côte.(9)
Villa « Ter Wilgen » à Duinbergen - La maison de Viérin, Jan Bethunelaan n°12
« Ter Wilgen » , une des premières maisons de Duinbergen, dans laquelle Emmanuel Viérin et sa famille passaient leurs vacances. Située au 8 Meeuwendreef, elle bénéficie depuis 2003 du statut de monument protégé.
« Ter Wilgen » photos intérieures.
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